Critique de : Un homme est mort de Kris & Étienne Davodeau


Au printemps 1950, une grève dure mobilise les milliers d’ouvriers des chantiers navals de Brest. Le 17 avril, la police tire sur les manifestants, en tue un et en blesse vingt autres. Le lendemain, la CGT engage un jeune cinéaste de 22 ans pour filmer la suite du mouvement. René Vautier (le futur auteur d’Avoir 20 ans dans les Aurès), tourne à l’arraché, monte douze minutes d’images avec des moyens très rudimentaires, puis part les projeter de manière encore plus précaire, nuit après nuit, dans tous les coins de la ville et des alentours : après quatre-vingt-huit projections, la pellicule s’effrite en copeaux, et le film-témoignage disparaît à jamais. Centré sur cet épisode inédit (où un poème de Paul Eluard joue un rôle clé...), le récit évoque dans le même mouvement et avec une limpidité emballante ce que furent ces luttes sociales d’un autre siècle, la solidarité sans faille dans l’adversité, l’espoir partagé de changer le monde, et le poids décisif d’une culture prolétaire ancrée profondément dans la vie quotidienne. 

 

Un homme est mort de Kris & Étienne Davodeau, Ed. Futuropolis, 80 p., 15 €.

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