Chronique du livre : Le Cryptographe de Tobias Hill

   En 2021, à Londres, un homme symbolise le pouvoir : John Law, l’inventeur de Soft Gold, la monnaie électronique qui a remplacé les bons vieux dollars, yens et euros. Son code est inviolable, et immense la fortune de Law. Anna Moore, inspectrice des impôts, envoyée auprès de Law pour enquêter sur l’un de ses comptes, est tout de suite fascinée par ce dandy ombrageux, qui vit dans un château avec une femme trop belle et un enfant trop intelligent. La fraude de Law une fois réglée, Anna n’a plus qu’à partir. Mais peu de temps après, elle apprend que Soft Gold est victime d’un virus, et John Law en fuite... 

Le Cryptographe est une fable somptueuse sur la vanité des hommes et la vacuité de leurs désirs, mais Tobias Hill ne se contente pas d’écrire un remake de Gatsby le Magnifique, ou de camper un héros tragique à la Orson Welles : il ne cesse de tendre des pièges à son lecteur, l’entraînant sur de fausses pistes – polar, fantastique, roman social à la Zola... Il nous décrit un futur qui ne relève pas de la science-fiction, se contente d’anticiper les choses, de rappeler que le progrès est un tourbillon dérisoire. 

Au cœur de ce monde virtuel, Hill réinvente le château du Grand Meaulnes, noyant ses personnages dans un brouillard épais. Puis, il nous laisse au bord de la route, avec l’envie folle de découvrir tous les secrets de ce livre qui est aussi une belle leçon de poésie contemporaine.

 

Le Cryptographe de Tobias Hill, Traduit de l’anglais par Jean Vaché, éd. Rivages, 300 p., 20 €.

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