lecture de : Comment c’était, Souvenirs sur Samuel Beckett,
Dans Comment c’était, la poétesse Anne Atik évite aussi bien l’exercice d’admiration que la camaraderie du quotidien. Ses souvenirs sur Samuel Beckett s’étendent sur plus de trente ans d’amitié et de rencontres régulières entre son mari, le peintre Avigdor Arikha, et l’écrivain. Discrète et affectueuse, elle évoque les soirées arrosées, les silences, les dîners prolongés où chacun récite un poème, où « Sam » parle de Goethe, de Yeats, de la Bible, de Dante ou de Jane Austen. Les échanges furent nombreux, et la narratrice retranscrit fidèlement ces moments qui ne sont jamais anodins. Son récit est à la fois spontané et mesuré, tendre et respectueux, car l’auteure n’est pas indiscrète, parle simplement de ce qu’elle a pu voir et entendre, transmettant au lecteur son émotion, tout au long de cette promenade délicate qui s’achève le 22 décembre 1989. Ce jour-là, sur la tombe de Beckett, une main anonyme pose un ticket de métro où il est écrit : « Godot viendra. »
Annie Ernaux écrit La Place en 1983. C’est son quatrième roman et le
premier où elle ose écrire « je » pour évoquer l’histoire de son père,
paysan, ouvrier, épicier à Yvetot. Elle obtient le prix Renaudot,
devient un écrivain à succès. (Re)lire ce livre majeur, c’est comprendre
l’importance de son œuvre, sa cohérence et sa singularité. Ethnographe
de sa mémoire, Annie Ernaux s’expose en explorant son passé, en
rassemblant les paroles, les gestes de ses parents. Le récit commence
par deux scènes presque superposées : la narratrice vient de réussir
l’épreuve pratique du Capes, entrant ainsi dans le monde de la
bourgeoisie et de la culture. Au même moment, son père meurt brutalement
au-dessus du café-épicerie. On a parlé d’écriture plate, de récit vrai,
d’éclats de mémoire : le dossier de Pierre-Louis Fort qui accompagne La
Place sait « déchiffrer les détails » et donner l’envie essentielle de
poursuivre la lecture d’un écrivain refusant la tentation du romanesque.
Ils peuvent avoir plusieurs têtes, un corps de serpent couvert
d’écailles, des dents aiguisées, des ailes de chauve-souris, des
oreilles de hérisson. Ils maîtrisent les quatre éléments, se régénèrent
éternellement, et leur action est bienfaisante ou maléfique, selon les
époques et les cultures. Les dragons ont un rôle social, religieux et
moral, expliquent Patrick Absalon et Frédérik Canard dans leur bel essai
abondamment illustré, où ils décryptent passionnément cet être hybride
qui continue d’incarner nos peurs des mondes parallèles.
Comment c’était, Souvenirs sur Samuel Beckett, d’Anne Atik, éd. Points, 148 p., 7 €
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